Coup de force de Mariano Rajoy : la Catalogne entre Charybde et Scylla ?

Publié le 23 Octobre 2017

Coup de force de Mariano Rajoy : la Catalogne entre Charybde et Scylla ?
par Antoine Manessis, pour la Commission internationale du PRCF.
22 octobre 2017


 


 

La situation en Catalogne interroge les progressistes.

Des principes démocratiques semblent entrer en collision. Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, unité de la classe ouvrière, unité populaire, respect des diversités culturelles et des autonomies provinciales, unité territoriale d’une éventuelle République sociale d’Espagne… Et on sait aussi que l’histoire de l’Espagne n’est pas l’histoire de la France.

Par ailleurs on sait également que l’Union Européenne du grand capital prône le dépassement des États-nations et à l’occasion démolit les États multi-nationaux comme la Fédération Yougoslave ou la République de Tchécoslovaquie, et évidement notre vigilance croît.


Enfin se pose la question de classe : qui dirige le gouvernement catalan ? Quelle est la position des indépendantistes sur l’UE ? Comment fut organisé le référendum pour l’indépendance de la Catalogne ? Quels sont les arguments des indépendantistes ?

La simple réponse à ces questions devrait calmer les ardeurs naïves ou intéressées des partisans de l’indépendance de la Catalogne.

 

Catalogne entre Charybde et Scylla ?


 

Carles Puigdemont est un dirigeant du Parti Démocrate Européen Catalan, ce qui est déjà tout un programme puisque ce parti européïste est également un parti libéral (comprendre bourgeois et capitaliste).

Les indépendantistes qui dirigent le mouvement sont des partisans fanatiques de l’UE et veulent une Catalogne dans l’UE. Ce qui interpelle sur leur « indépendantisme » car l’ UE est le contraire assumé et vérifié de la souveraineté et de l’indépendance !

Le référendum organisé par la bourgeoisie catalane européïste est non seulement illégal du point de vue de la Constitution espagnole - ce qui pourrait se discuter - mais surtout n’avait aucune base démocratique et aucune garantie démocratique : pas de liste électorale, pas de décomptage des voix, etc. De plus, les indépendantistes ont récolté, lors des dernières élections, 47,8 % des suffrages, en deçà de la majorité absolue…

Il faut savoir  que la Catalogne, qui réalise un tiers des exportations espagnoles, est l’une des plus riches régions de l’UE avec un PIB par habitant de 28 000 euros, supérieur à la moyenne européenne de 26 000 euros, alors que celui de l’Espagne se situe en dessous de 23 000 euros, avec son industrie automobile, son secteur bancaire, de grands groupes pharmaceutiques et le tourisme, l’activité est diversifiée.

Et, du coup, comme la Ligue du Nord fascisante en Italie du Nord, un des principaux arguments des indépendantistes bourgeois catalans consiste à refuser de payer pour les régions plus pauvres d’Espagne… Pour les « fainéants », comme dirait Macron.
Bref, si on peut parfaitement admettre que les peuples d’Espagne souhaitent une fédération ou une confédération qui permette une large autonomie aux régions qui constituent historiquement l’Espagne, on peut être plus qu’inquiets du contenu de classe de l’indépendantisme européïste et capitaliste qui est largement majoritaire au sein de la coalition indépendantiste.


 

Le néo-franquisme de Rajoy et du PP est évidement odieux à tout démocrate, à tout progressiste.

Ce pouvoir a imposé, avec l’UE, une cure d’austérité qui exerce toujours ses ravages dans les classes populaires et les couches moyennes. Et les pouvoirs catalans bourgeois furent toujours complices de cette politique. Le pouvoir catalan tente d’enfumer une partie de la petite-bourgeoisie pour camoufler la réalité de sa politique anti-sociale avec un discours nationaliste. Mais la classe ouvrière n’est pas dupe. Ainsi une ouvrière d’un quartier populaire de Barcelone déclarait :

« Le corps me demande de participer à une manifestation anti-PP. Mais le cœur m’empêche parce que mes entrailles bougent quand je vois Puigdemont, le chef de ceux qui nous ont tellement blessés, à la tête de cette manifestation. Non, camarades, nous ne pouvons pas soutenir un tel projet. Ce sont eux qui nous ont toujours fait du mal. »

Tout est dit dans cette phrase frappée du bon sens de classe.

 

Souveraineté des peuples ou balkanisation : l’Union Européenne et le Capital c’est diviser pour mieux exploiter


 

Diviser les travailleurs d’Espagne sur une base linguistique, nationaliste et même raciste1 pour pouvoir mieux imposer l’ultra-austérité du fascisant gouvernement Rajoy, de l’UE et des gouvernements provinciaux - y compris « indépendantistes » - voilà le résultat de l’agitation actuelle en Espagne.

Notons comme une confirmation que le drapeau de la République espagnole et le drapeau rouge du mouvement ouvrier sont les grands absents des manifs indépendantistes. Il y a des symboles dont la présence ou l’absence sont très significatives.

Enfin comment ne pas s’étonner du peu de réactions quand au risque de balkanisation des nations (voir l’article de Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, l’Euro-balkanisation de l’Europe en marche !) que porte la politique de l’UE, le néo-franquisme de Rajoy et l’indépendantisme-nationaliste bourgeois ? Déjà des voix, pour le moment minoritaires, s’élèvent en Catalogne pour rappeler qu’il existe une « Catalogne du Nord »… c’est-à-dire les Pyrénées Orientales de la République français une et indivisible.

 

1 Artur Mas, ancien président de la Généralité de Catalogne, prétendait que le QI des Andalous était inférieur à celui des Catalans !

Rédigé par PRCF 38

Publié dans #France, #International

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