Milosevic

Publié le 12 Mars 2006

.à propos du décès dans d’étranges conditions de Slobodan Milosevic

Les médias viennent d’annoncer avec un retard stupéfiant le décès en prison de l’ancien président élu de la Yougoslavie, S. Milosevic.
On apprend ainsi que l’ex-président, emprisonné par la « justice » revancharde de l’OTAN travesti en « communauté internationale », aurait été trouvé mort dans sa cellule plusieurs heures après son décès, dont l’annonce tardive a d’abord été faite sans aucun commentaire, notamment sous la forme inusitée d’un « non-démenti » par les autorités néo-coloniales de Belgrade.
On apprend aussi que le Tribunal Pénal International a plusieurs fois refusé la liberté provisoire à cet homme gravement malade. Etrange justice décidément que celle qui prévaut dans l’U.E. : la justice française qui a rapidement libéré Papon, a ainsi fait montre il y a peu d’une « humanité » plus grande envers ce criminel contre l’humanité, assassin des manifestants communistes de Charonne, que le TPY au service du nouvel ordre européen, envers un dirigeant anciennement communiste, « coupable » d’avoir défendu l’unité de son pays et son droit inaliénable à ne pas être annexé par l’U.E. !
Il semble enfin qu’il y a une semaine, l’un des principaux témoins serbes au procès Milosevic, se serait suicidé. De mieux en mieux !
Ce qui est sûr c’est que Milosevic faisait mieux que résister à ses prétendus « juges » en dénonçant les criminels bombardements de l’OTAN sur Belgrade, l’occupation de la Yougoslavie par les armées américaine, allemande, anglaise et française. Il dénonçait également la privatisation totale de l’économie serbe, la mise au chômage de millions d’ouvriers, la destruction des acquis sociaux hérités de l’ex-République socialiste fédérative de Yougoslavie, le démembrement « ethnique » de la Serbie et de la Yougoslavie, la prochaine partition sous influence occidentale de la Serbie-Montenegro… Le décès de Milosevic arrive à point nommé pour les « accusateurs », alors que le procès de l’ex-président tournait à la confusion du TPY et de ses commanditaires euro-atlantiques.
Le PRCF porte sur Milosevic un jugement nuancé. D’une part Milosevic a cru bon, au moment de la tempête contre-révolutionnaire qui a détruit l’URSS et les démocraties populaires, de participer activement à l’auto-dissolution de la Ligue des Communistes de Yougoslavie et du P.C. serbe, pour s’allier à des éléments serbes nationalistes et ultra-nationalistes, dans le but proclamé de préserver l’unité serbe et yougoslave. Or certains de ces ultras ont commis de terribles exactions dans la guerre civile à l’égal des ultra croates, bosniaques ou kossovars qui ont déclenché unilatéralement des mouvements séparatistes. Il va de soi que le PRCF condamne tous les crimes de guerre quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, mais leur jugement reviendra de droit au peuple yougoslave et non aux « juges » institués par les pousse-au-crime de l’OTAN, du Vatican et de la RFA.
Ce sont en effet ces grandes puissances « vertueuses » qui ont déclenché la guerre civile « inter-ethnique » en reconnaissant la sécession unilatérale des maîtres fascisants de la Croatie dans le but d’élargir la sphère d’influence de la Grande Allemagne et du Vatican en mal de re-cléricalisation de l’Europe de Maastricht…
En réalité, ce n’est pas pour juger impartialement l’ensemble des criminels de guerre qu’a été ouvert le TPY à la demande du nouveau St-Empire romain germano-américain. Pas davantage pour juger l’attentat criminel contre la souveraineté yougoslave qu’est l’actuelle occupation des Balkans par les impérialismes américain, français et allemand rivalisant pour se partager le pays sous couvert d’ingérence humanitaire et avec la bénédiction de l’ONU. En fait, à l’ombre du « procès » Milosevic, les principaux fauteurs de crimes non-serbes et les massacreurs de l’OTAN qui se partagent le pays avec leurs fantoches séparatistes, sont en liberté ou… carrément au pouvoir dans les micro-Etats résultant de l’éclatement yougoslave sous influence !
Sans pour autant approuver en tout la ligne politique qui fut la sienne, PRCF salue l’attitude digne de Milosevic face à la persécution politique.
Malgré la maladie et l’impossibilité de se soigner à l’extérieur, Milosevic a tenu tête aux re-colonisateurs de son pays dépecé.
Le PRCF exige donc la dissolution du TPI, le respect de la souveraineté yougoslave, le départ de l’OTAN et des troupes françaises de la Yougoslavie, le respect des droits de tous les peuples de l’ex-RSFY, y compris dans l’ex-Kosovo où les Serbes sont « ethniquement épurés » par la mafia de l’UCK, le jugement par la Yougoslavie indépendante de tous les criminels de guerre, chefs d’Etat occidentaux et généraux otaniens en tête. Le PRCF est solidaire des travailleurs yougoslaves en bute aux régressions sociales massives, comme il est solidaire des communistes yougoslaves qui combattent l’occupation otanienne sur la base du patriotisme fédéral et socialiste et de l’internationalisme prolétarien en refusant le chauvinisme « ethnique », instrument de division aux mains du supranationalisme européen et de l’impérialisme US.
La « justice des vainqueurs » occidentaux est décidément de plus en plus glauque : à voir comment s’achève le « procès » Milosevic, les observateurs du procès Saddam Hussein à Bagdad sont fondés à se demander combien de temps il faudra encore attendre pour retrouver l’ancien maître de Bagdad mort dans sa cellule d’un arrêt du coeur tardivement découvert… après le suicide opportun de ses témoins à décharge…

G. Gastaud, secrétaire politique, Daniel Antonini, secrétaire international du PRCF

Publié dans #International

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