Italie : lisez le dossier du PRCF !
Publié le 4 Juin 2018
Chères lectrices et chers lecteurs,
Vous trouverez ci-dessous, dans l'ordre chronologique, les analyses du PRCF mais aussi du Fronte popolare, sur la situation préoccupante de l'Italie.
Bonne lecture !
ITALIE AUJOURD'HUI....FRANCE DEMAIN ?
Par Antoine Manessis, secrétaire de la Commission internationale du PRCF.
L'Italie a voté il y a quelques semaines. Les deux partis vainqueurs et tout deux d'extrême-droite se sont coalisés pour établir un programme commun et ont proposé un premier ministre Giuseppe Conte qui vient d'être validé par le président de la République italienne.
Le Mouvement des 5 étoiles (M5S en italien) au-delà d'un verbiage démagogique utilisant les thèmes à la mode est un parti néo-libéral. Il préconise « la réduction de la dette publique à travers de fortes baisses des dépenses de l’État avec la lutte contre le gaspillage et le recours aux nouvelles technologies pour consentir au citoyen l'accès aux informations et aux services sans avoir besoin d'intermédiaires ». Bref du Macron pur sucre. Et comme lui le M5S a des considérations vaseuses sur le ni gauche, ni droite et un discours anti-partis politiques. Bref la même soupe indigente que l'on fait avaler à tous les citoyens écœurés par les politiques de régression sociales et de destruction des souverainetés populaires par les gouvernements se prétendant de gauche et de droite et sous la férule de l'UE du grand capital. Le dernier en date étant Renzi un social-démocrate ultra-libéral, viré par le peuple italien. Résultat : le M5S obtiendra 32% des voix.
Sur l'UE, les chiens de garde du Monde ou de France inter (et tous les autres !) font semblant de s'inquiéter des terribles eurosceptiques que seraient les chefs du M5S. Évidemment personne ne peut être dupe dette comédie. Oubliant de regarder les faits : Le 9 janvier 2017, Beppe Grillo, fondateur du M5S, propose de rejoindre l' Alliance des démocrates et des libéraux pour l' Europe (ADLE) un groupe parlementaire centriste, libéral et fédéraliste ! Cela ne se fait pas mais du fait du groupe ADLE. En fait, comme le FN, le M5S a fait semblant d'être contre l'UE constatant le profond rejet de celle-ci par les masses populaires et a proposé même un référendum sur la sortie de l'Italie de l'euro qu'il s'est dépêché de jeter aux orties en approchant du gouvernement.
Enfin comment s'étonner de l' alliance avec la Ligue quand on se souvient que Roberta Lombardi à la tête du groupe parlementaire M5S à la Chambre des députés a avoué une admiration pour le fascisme italien notamment sur son « sens très élevé de l’État et de la protection de la famille ».
Quant à la Ligue c'est le parti héritier du fascisme italien. Issu de la Ligue du Nord séparatiste, la Ligue est désormais dirigée par Matteo Salvani qui a transformé le parti régionaliste et séparatiste LN en un parti national la Lega (en italien). Il faut dire qu'en juillet 2017, plusieurs responsables de la Ligue du Nord, dont son président Umberto Bossi et son trésorier sont condamnés à diverses peines de prison pour détournement de fonds publics. Près d'un million d'euros de subventions publiques à la Ligue du Nord avait été détourné entre 2009 et 2011 par ses dirigeants pour des dépenses personnelles.
Toujours est-il que sur la vague du rejet des partis institutionnels la Ligue réalise le meilleur score de son histoire avec 18% des voix. Salvani parvient à rassembler toute le droite fasciste avec un discours anti-migrants violent et menaçant, promettant d'utiliser la "manière forte" et de chasser 500.000 migrants d' Italie. Souhaitant s'allier à la droite de Berlusconi, Salvini finit par faire affaire avec Luigi Di Maio, chef du M5S.
Les deux partis d'extrême-droite qui ne sont absolument pas "anti-système" comme le prétendent avec une touchante mais suspecte unanimité nos médias puisqu'ils sont tous les deux des défenseurs acharnés du système capitaliste, avaient en fait tout pour s'entendre: racistes, démagogues, ultra-capitalistes.
L'UE pour permettre à ce gouvernement fascisant de conserver sa base de masse joue à l'effarouchée. Il faut que l'illusion dure le plus longtemps....
En revanche ce qui est le plus inquiétant c'est de voir ces descendants de Mussolini au pouvoir et un Salvani ,qui est un fasciste pur jus, ministre de l'Intérieur et donc contrôlant la police.
Une vraie menace dans un pays où le Parti Communiste a totalement et tragiquement sombré, où la prétendue « Refondation communiste » opérée sur des bases anti-léninistes s’est disloquée à son tour, et où malgré les efforts remarquables de communistes, comme nos camarades du Fronte Popolare, la masse critique permettant la renaissance du Parti n'est pas encore réunie.
Espérons que les récents développement politiques accélèreront la coagulation des forces révolutionnaires et patriotes pour faire face à la menace fascisante.
Notre solidarité leur est acquise et nous mènerons la lutte ensemble.
D'autant que le fiasco prévisible de Macron, le Renzi français, pourrait ouvrir les portes du pouvoir à l’ultra-droite française des Le Pen, Wauquiez et autres parfaits héritiers idéologiques de Versailles et de Vichy. La renaissance du parti communiste et d'un vaste Front Antifasciste Populaire, Patriotique et Écologique est donc pour nous aussi une urgence historique.
L'échec de l'essai de Giuseppe Conte de former le gouvernement, déterminé par le veto opposé par le Président de la République Mattarella à la nomination de Paolo Savona au Ministère de l’Économie, est une page noire pour la démocratie italienne. Malgré le véritable acte de foi européenne fait par Savona dans les dernières heures, s'est imposée une censure de fond contre les positions euro-critiques avec laquelle le Président de la République a provoqué une rupture sans précédent par rapport aux normes démocratiques les plus élémentaires. Le message est qu'aucune position n'est légitimée à s'exprimer au sommet de l’État, en dehors de l'orthodoxie technocratique bénie par Bruxelles et Berlin. La démagogie fasciste de la Ligue de Salvini a donc été légitimée comme représentante de la demande de changement d'un pays étouffé par la crise économique et épuisé par sept années d'autoritarisme technocratique voté à l'austérité, imposé au sommet de la République avec le coup d'Etat de novembre 2011 d'où le gouvernement Monti est né et continué par les cabinets Letta, Renzi et Gentiloni.
L'observance par le Parti démocratique d'une soumission liberticide et classiste aux diktats de la technocratie européenne et aux compatibilités atlantiques, incarnée enfin aussi par l'attitude adoptée par le Président de la République, ouvre tragiquement la voie à l'autoritarisme néo-fasciste de Salvini, qui n'a jamais voulu se proposer comme alternative au contenu fondamental des compatibilités européennes. La candidature du Mouvement 5 Étoiles à représenter ces mêmes compatibilités a été inutile: le pays est donc écrasé sur l'imposition d'une continuité de la nomenclature de l' « état profond» qui s'e stratifié pendant soixante-dix ans de fidélité atlantique, comme seul garant de la négation absolue, envers le peuple italien et tous les peuples d'Europe, de toute liberté de choix.
La perspective d'un gouvernement sans le support du Parlement pour conduire l'Italie aux élections, qui semble s'ouvrir en ce moment, ouvre la voie à un scénario sombre de dégénérescence de la dialectique politique en faveur d'une opposition faussée et mortelle pour ce qui reste de notre démocratie entre d'un côté les partisans discréditées de la soumission aux diktats européens, principalement le Parti démocrate et Forza Italia, et de l'autre côté les représentants d'une véritable révolution passive - selon la définition de Gramsci -, voté à la canalisation de la colère populaire dans la direction d'un autoritarisme plébiscitaire aux caractéristiques inédites et tout aussi dangereux, sous la direction de la Ligue avant même que du M5S.
Face à ces dangers, pour construire une démocratie réelle, capable d'hériter et d'innover l'héritage de la Constitution de 1948, qui aujourd'hui a été définitivement étouffée par la conduite du Président de la République, le devoir de tous les vrais démocrates est celui de l'unité. À la lutte contre la technocratie perché au pouvoir représenté par Mattarella et à la résistance contre l'autoritarisme plébiscitaire et de toute façon soumis aux logiques impérialistes représentée par Salvini et Di Maio, il faut donner un contenu de révolution active, de transformation réelle et profonde de l'existant, qui puisse se proposer avec crédibilité comme capable de construire une alternative qui puisse guérir vraiment et profondément la pourriture de notre société, dont les résultats du 4 Mars ont été une démonstration lampante.
En faisant appel avec toute notre force à développer la pleine conscience de l'insuffisance à cet égard les options électorales proposées à gauche à l'occasion du vote de Mars dernier, Fronte Popolare rappelle que seulement un mouvement politique et social large, sérieux et capable de conjuguer l'esprit internationaliste avec une ferme défense de la souveraineté nationale, sera capable de remplir cette tâche indispensable.